La digitalisation du transport : vers une meilleure traçabilité des marchandises
Dans un contexte où les chaînes logistiques sont confrontées à des enjeux sécuritaires, politiques, économiques et environnementaux, les chargeurs expriment un besoin croissant de traçabilité et de visibilité en temps réel sur leurs flux. Retards de livraison, lourdeurs administratives et gestion des risques freinent la fluidité des échanges. Grâce à l’intégration d’outils numériques avancés, transporteurs et logisticiens rationalisent le suivi des marchandises, réduisent les coûts et renforcent les chaînes d’approvisionnement.
Selon le cabinet de recherche Fortune Business Insights, le marché mondial de la logistique numérique devrait atteindre environ 120 milliards USD d’ici 2032, contre une valorisation de 32,44 milliards USD en 2024. Cette projection, qui repose sur un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 18,1 % sur la période, illustre une tendance globale liée à l’adoption accrue de solutions numériques dans le secteur des transports.

Vers une meilleure traçabilité des marchandises
L’Intelligence artificielle (IA), l’Internet des objets (IoT) ou encore la blockchain sont autant d’outils de plus en plus intégrés dans la logistique et qui contribuent à un meilleur suivi des marchandises.
Cette intégration soutenue vient répondre à plusieurs défis du secteur. D’après des données de Becker Logistics, les vols de marchandises ont affiché une hausse annuelle de 57 % en 2023, entraînant des pertes s’élevant à près de 130 millions USD. L’intégration de l’IoT dans des infrastructures comme les conteneurs intelligents ou autres équipements de transport, s’impose comme un levier pouvant automatiser les transits, réduire les pertes et assurer un suivi en temps réel des marchandises.
En 2024, la société spécialisée en services informatiques, Infosys, révélait en effet que plus de 80 % des entreprises de logistique dans le monde ont entamé leur transition vers l’IA générative. MSC, l’un des leaders mondiaux de ce secteur, se distingue notamment en ce sens par ses services numérisés. En février 2025, le groupe annonce le lancement de iReefer, une solution de suivi à distance destinée à offrir aux clients un accès direct à diverses informations liées à leurs marchandises (position, température, humidité, etc.).
Cette approche est aussi prônée en Afrique par Africa Global Logistics (AGL), société acquise par MSC en 2023. « Avec Live, nous offrons à nos clients une visibilité complète sur leurs expéditions, quel que soit le mode de transport. Grâce à une interface intuitive, des alertes en cas d’anomalie et des estimations fiables d’arrivée, ils gagnent en sérénité et en efficacité. En intégrant des capteurs IoT et des indicateurs RSE, nous faisons de la traçabilité un levier stratégique pour une logistique plus durable et sécurisée. »,
déclare Nathalie PONNIAH, Responsable du projet Live chez AGL.
Digitalisation des procédures douanières : un levier de fluidité
Parallèlement, la digitalisation des procédures douanières joue un rôle clé dans l’accélération des flux transfrontaliers. L’adoption de systèmes tels que le guichet unique électronique, les déclarations automatisées et les plateformes de pré-dédouanement permet de réduire les délais de traitement, de limiter les erreurs humaines et de renforcer la transparence. Selon l’Organisation mondiale des douanes (OMD), plus de 70 % des administrations douanières dans le monde ont entamé leur transformation numérique, avec des résultats probants en matière de réduction des temps de transit et de lutte contre la fraude. En Afrique plusieurs pays comme le Kenya, le Ghana ou le Sénégal ont adopté des plateformes numériques de dédouanement.
« Avec son programme Drive 2030, AGL modernise ses systèmes pour offrir une visibilité complète sur les marchandises, quel que soit le mode de transport ou la destination. Cette transformation s’appuie notamment sur la dématérialisation des documents, l’automatisation des formalités et une connexion directe avec les administrations locales, permettant un dédouanement accéléré, des contrôles fluidifiés et une conformité renforcée à chaque étape du transit. » déclare Sébastien Beuque, CEO – Drive 2030. Ces initiatives, soutenues par la CEDEAO et la ZLECAf, permettent de réduire les délais, limiter les erreurs et renforcer la coordination entre opérateurs et autorités.
Entrepôts intelligents : vers une logistique prédictive
Mais la digitalisation ne se limite pas à l’optimisation du transport. Elle permet de créer de la valeur sur l’ensemble de la supply chain. Le développement des entrepôts intelligents illustre cette évolution : fondés sur l’automatisation, la robotisation et l’analyse prédictive, ils permettent une gestion optimisée des stocks et une sécurisation accrue des opérations. En Afrique, des projets pilotes à Abidjan, Lagos, Nairobi ou encore en Afrique du Sud intègrent des technologies comme les robots mobiles autonomes et les systèmes RFID pour répondre aux exigences croissantes du marché.
« En Afrique du Sud, AGL gère pour un leader mondial d’équipements de télécommunication un entrepôt intelligent de 14 000 m² équipé de véhicules autoguidés (AGV), illustrant sa capacité à proposer des solutions automatisées, adaptées aux besoins de secteurs variés — technologie, agroalimentaire, distribution ou commodités —et aux réalités africaines. » déclare Sébastien Beuque, CEO – Drive 2030. »
Cybersécurité, coûts élevés et interopérabilité
Dans son rapport, l’UNECE identifie plusieurs freins à une intégration réussie des technologies numériques dans le monde de la logistique, parmi lesquels figure la cybersécurité. Alors que la numérisation des chaînes logistiques s’intensifie, la protection des données sensibles revêt une importance particulière, en raison des risques de cyberattaques. En outre, les coûts élevés associés à la mise en œuvre de projets numériques et le manque d’interopérabilité entre les plateformes de logistique numérique constituent autant de défis à considérer, selon le document.
Face à ces défis, l’ONUCE appelle notamment à un rôle plus important de la part des gouvernants, notamment pour la mise en place de cadres réglementaires pour la protection des données dans le secteur, ainsi que de politiques appropriées pour accompagner les projets. De son côté, Minterminds, Le développeur de solutions logicielles invite les différentes parties prenantes, en particulier les entreprises de logistique, à adopter une stratégie rigoureuse afin de lever les différents obstacles évoqués.
La digitalisation transforme en profondeur les chaînes logistiques, en apportant des gains de performance, de sécurité et de durabilité à chaque étape du transport. En intégrant des technologies avancées dans ses opérations — du suivi intelligent des marchandises à la gestion automatisée des entrepôts, en passant par la simplification des procédures douanières — elle transforme durablement les chaînes d’approvisionnement, en Afrique comme ailleurs.